Toutes les personnes actives professionnellement ont un horizon commun : la retraite. Quel que soit la profession, le statut, ou le métier, nous devons tous nous préparer à partir en retraite. Que l’on soit tout près de l’âge de départ ou que l’on ait encore du temps devant soi, ce moment de départ en retraite doit être anticipé. Il n’est pas judicieux de se laisser porter au gré du vent, sans avoir un plan pour après la vie professionnelle active. Le départ en retraite est suffisamment important pour mériter que l’on établisse une stratégie bien avant le moment fatidique.
Pourquoi s’attarder autant sur cette tranche de vie, qui peut sembler être lointaine pour beaucoup d’entre nous ? Tout simplement parce que le retrait de la vie active professionnelle entraîne systématiquement une perte de pouvoir d’achat. Avec le prolongement de la durée de vie, les besoins des retraites ont évolué ces dernières années : voyages, loisirs, santé etc. Bien que ces besoins aient augmenté, les revenus ne suivent pas cette tendance.
En retraite, on n’obtient pas forcément les mêmes revenus que lorsqu’on a un emploi régulier, et ce, même si l’on remplit tous les critères (le nombre de trimestres requis et la possibilité de bénéficier de la retraite à taux plein). Bien souvent, les Français sous-estiment grandement la baisse de revenus à la retraite, et font face à de mauvaises surprises le moment venu. Heureusement, il existe des solutions pour compenser la perte de revenus et s’assurer d’un capital ou d’une rente pour augmenter son niveau de vie.
Il est recommandé de préparer sa retraite le plus tôt possible, en ayant recours à l’épargne ou à l’investissement, de manière à compléter la pension de base ainsi que la retraite complémentaire. Voyons, dans cet article, les options disponibles pour compléter sa retraite.
Se construire un complément de retraite
S’il y a bien un côté positif au départ en retraite, c’est qu’une grande partie de la retraite est prévisible, dans son ensemble. Il est tout à fait possible d’estimer, dans les grandes lignes, ce que l’on va percevoir en retraite.
Pour cela, on peut, dans un premier temps, avoir recours aux simulateurs en ligne pour déterminer le montant de la retraite. Lorsque ce montant est obtenu, on applique une décote. Plus on est jeune et loin de la retraite, plus la décote doit être conséquente. A noter que la durée de cotisation sera probablement prolongée dans les prochaines années pour avoir accès à la retraite sans décote. Lorsqu’on a obtenu le diagnostic, on peut planifier les actions à mettre en place pour construire son complément de retraite.
Le Plan Épargne Retraite (PER)
Le Plan d’Épargne Retraite individuel (PERin) est maintenant commercialisé dans la majorité des compagnies d’assurance. Les règles de ce plan ont été définies par la Loi Pacte. Entré en vigueur en octobre 2019, le PERin a remplacé les anciens plans tels que le Plan d’Épargne Retraite Populaire (PERP) ou le contrat Madelin. Le Plan d’Épargne Retraite procure des avantages non négligeables, qui font de lui un support fiable, à considérer sérieusement pour un avenir financier serein à la retraite. Selon les contrats, on peut cotiser à son rythme, sans être obligé de faire des versements réguliers (mensuels, trimestriels, annuels).
Les versements sur le Plan d’Épargne Retraite peuvent être déduits des revenus imposables, ce qui est un avantage fiscal très intéressant. Les contrats de Plan d’Épargne Retraite sont tous des contrats portables (grâce à la Loi Pacte), qu’ils soient souscrits à titre individuel ou collectif. L’épargnant peut transférer son PER (collectif ou individuel) vers d’autres PER, gratuitement dès qu’il a atteint 5 ans de détention du plan, ou sinon avec frais ne dépassent pas 1% du montant d’épargne accumulée. On peut aussi transférer d’anciens plans (PERP et Madelin) vers le nouveau PERin (les frais peuvent aller jusqu’à 5% de l’épargne si le contrat date de moins de dix ans).
Le nouveau Plan d’Épargne Retraite est flexible au niveau de la sortie du plan. Alors qu’auparavant, on ne pouvait sortir du plan que sous forme de rentes, le nouveau PER autorise une sortie en capital, ou même une forme mixte sortie en capital et sortie en rente. Par exemple, l’épargnant peut demander un capital de 6 000 euros immédiatement, 6 000 euros dans cinq ans et une rente mensuelle de 100 euros qui commence à partir de ses 70 ans.
Le nouveau PER permet également une sortie avant la retraite lorsque l’épargnant veut acquérir une résidence principale. Les fonds épargnés peuvent servir d’apport pour l’achat, mais ils seront toutefois soumis à l’impôt sur le revenu.
L’assurance vie
Ce support d’investissement peut servir de multiples objectifs : préparer un achat important d’immobilier, faire fructifier son capital, et anticiper sa retraite. Au bout de 8 ans d’investissement, la fiscalité applicable à l’assurance vie devient intéressante. Il est possible de construire son capital sur le long terme en anticipation de la retraite, en faisant des versements programmés. On peut choisir son contrat avec des fonds en euros garantis ou avec des unités de compte (OPCVM de société indépendante de gestion, SCPI pour investir dans l’immobilier, etc), et n’ayant aucun frais d’entrée.
Le placement en assurance vie est flexible. L’épargnant peut ainsi faire des retraits ponctuels ou réguliers, arbitrer entre les différents supports du contrat, et faire des versements exceptionnels en cas de nouvelles entrées d’argent. Concernant la fiscalité, seule la partie des gains réalisés sur les retraits est soumise à l’imposition, avec un abattement de 4600 euros applicable pour une personne seule et de 9200 euros pour un couple. Ainsi, le complément de revenus pour la retraite provenant de l’assurance vie est faiblement taxé. Le placement en assurance vie est également bien adapté pour préparer la succession.
Les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI)
Avec ce type d’investissements, l’épargnant n’a pas de souci de gestion puisque c’est la société qui s’occupe de cela. L’épargnant achète en fait les parts d’un ensemble immobilier géré par la SCPI. La SCPI reverse à l’épargnant une part des loyers reçus. Les placements sont diversifiés puisque la SCPI investit dans une diversité d’immeubles (logement, commercial etc), ce qui permet de lisser les risques.
En 2021, le taux de rendement moyen était de 4,45% (selon l’Association française des sociétés de placement immobilier). En acceptant de prendre davantage de risques, les rendements dépassent les 10%. Les individus dont le taux marginal d’imposition est de plus de 30% se tourneront, s’ils souhaitent des gains immédiats, vers les SCPI européennes, qui sont plus avantageuses fiscalement (taux d’imposition inférieurs aux taux français et pas de prélèvements sociaux). Il est ainsi possible de compléter la pension de retraite avec les loyers perçus. La revente des parts permet, quant à elle, de bénéficier d’un capital sans toucher au montant de la pension.
Il est possible d’acheter des parts de SCPI dites “en démembrement ». L’épargnant va acquérir des parts dont il n’est que nu-propriétaire : pendant toute la durée de la période de démembrement, il ne perçoit pas de revenus issus de la location, en contrepartie d’une décote du prix de ses parts pouvant atteindre 40%. Lorsque l’épargnant devient entièrement propriétaire, il peut revendre les actions au prix du marché et faire une plus-value.
Le Plan d’Épargne en Actions (PEA)
Le Plan d’Épargne en Actions est un support d’investissement dans les actions en bourse. L’épargnant investit dans des valeurs boursières européennes lui permettant de bénéficier, sur le long terme, d’une rente ou d’un capital. Cette option est complémentaire au Plan d’Épargne Retraite et l’épargnant peut tout à fait souscrire aux deux contrats en même temps.
Lorsque le Plan d’Épargne en Actions est conservé au-delà de 5 ans, les revenus issus du placement et les plus-values réalisées ne sont pas imposables. Il faut cependant s’acquitter des prélèvements sociaux. Le montant minimum pour l’ouverture d’un Plan d’Épargne en Actions est de 10 euros, ce qui est relativement bas. Il n’y a pas de montant minimum pour les versements ni de fréquence imposée. Le plafond d’un plan classique est de 150000 euros pour une personne seule.
Le crédit immobilier comme levier d’investissement
Une autre option disponible pour se constituer un patrimoine pour la retraite est de prendre un crédit pour investir dans la location de bien immobilier. Les loyers obtenus, de même que l’épargne mensuelle, servent à rembourser le crédit. L’effet de levier vient du fait que l’on place dès aujourd’hui le capital qu’on aura dans plusieurs années. Les rendements sont importants et servent en partie à rembourser les mensualités du crédit.
Certaines conditions doivent être respectées : être dans la capacité de dégager une épargne régulière tous les mois, avoir une visibilité sur l’aptitude à épargner pour au moins 15 ans, accepter la rigidité de la nature de ce type de contrat (il n’est pas possible d’arrêter les versements, sauf si le contrat permet de moduler les échéances), avoir au départ une épargne de précaution (de plusieurs milliers d’euros).
Il faut pouvoir choisir l’investissement immobilier qui répond au mieux à la situation de l’épargnant : SCPI pour bénéficier de souplesse et de liquidité, BIC pour obtenir des revenus non fiscalisés, etc. Il ne faut pas oublier que l’état du bien immobilier, son aisance à être loué, la raisonnabilité des frais et des charges vont augmenter la qualité du bien et amener une rentabilité immédiate plus importante en termes de loyers élevés, et une plus-value lors de la revente.